J.Paul ALDUY
POLITIQUE : JE VEUX PARLER DE PERPIGNAN
Par J.Paul ALDUY, ancien Sénateur-Maire de Perpignan et ancien Président de l’Agglo. PMCA
Certes il est difficile de comparer des scrutins aux enjeux différents, municipales, départementales et régionales ; certes… mais ces trois scrutins se sont déroulés en moins de vingt mois et l’enjeu politique y était le même à savoir la conquête possible par le FN de grandes collectivités locales, Ville, Département ou Région.
Essayons de faire parler les chiffres
D’abord l’abstention : 29.600 inscrits ne sont pas allés voter en mars 2014, ils étaient 36.000 en mars 2015 et 38.300 dimanche dernier soit près de 9000 de plus !
Constat triste : la « République des territoires » est frappée d’une panne démocratique ; constat qui interpelle ceux qui, comme moi croient à la nécessité d’une France décentralisée, d’un État recentré sur ces missions régaliennes et de Régions puissantes capables de mener la bataille de l’emploi et du développement durable.
Mais les chiffres lancent un autre message
On y découvre que, malgré la forte progression de l’abstention, le volume de votes qui se sont portés sur le FN (de13.000 à 12.000) ou sur la gauche, PS et écolos, (de 7.000 à 8.000) est resté stable ou presque.
Par contre, l’effondrement du vote UMP-UDI est spectaculaire : on passe de 12.000 en mars 2014 à 9.000 en mars 2015 et 5.700 dimanche ! Soit une chute de 6.000, c’est-à-dire 50% de son électorat !
Comment l’interpréter ? Erreur de casting ?
On ne peut pas dire que le casting de la gauche était brillant…et pourtant elle résiste et même progresse un peu.
Tendance nationale ?
Oui, assurément, l’UMP (aujourd’hui LR) de Sarkozy est rongée à droite par un FN dé-diabolisé et l’UDI, absente des écrans de télé, est rongée à gauche par un PS plus social-démocrate que jamais…
Mais surtout, si on rapproche les deux chiffres, +9.000 pour l’abstention et -6.000 pour le vote UMP-UDI, on peut penser que l’électorat centriste s’est massivement abstenu faute de lisibilité du parti censé les représenter. En fait, à regarder de près ces 3 consultations en vingt mois sur des enjeux locaux, les chiffres parlent et nous disent que si on votait demain pour des municipales à Perpignan on serait confronté au scénario inverse de celui de mars 2014 : seul le retrait de la liste UMP-UDI permettrait de faire barrage au FN…
Mais en politique, c’est bien connu, le probable ne se réalise jamais…
POLITIQUE : LE TRANSFUGE UMP J.FRANCOIS FONS TETE DE LISTE FN / RBM AUX RÉGIONALES
Transfuge et non des moindres puisqu’il a été Conseiller délégué aux finances du Maire de Perpignan J.Paul Alduy lors des mandatures précédentes, Jean-François FONS, qui n’est adhérent ni Au Front National ni au Rassemblement Bleu Marine, a été choisi par Louis Aliot au titre des « indépendants » pour conduire la liste frontiste aux régionales de décembre prochain qui sera quant à lui en 5ème position.
On devrait trouver à la 2ème place Marie-Thérèse Fesenbeck (sortante), à la 3ème Xavier Baudry et la 4ème devrait se jouer entre Irina Kortanek (sortante), Catherine Pujol et Claudine Fuentès. Toujours les mêmes entendra-t-on ? On ne change pas une équipe qui gagne et surtout qui laboure le terrain depuis de longues années… Quant au reste de la liste aux positions à priori non éligibles, elle devrait compter plusieurs UMP partis en claquant la porte, avec de probable surprises… Une absence attendue, ou alors en bas de liste, celle de Clotilde Font–Gavalda, elle aussi transfuge de l’UMP qui affiche ces derniers temps une mine des plus mauvais jours et une colère persistante. L’élue perpignanaise qui « préside » le RBM des P.-O. ne semble pas trouver sa place et son caractère revendicatif ne plaide pas pour elle. Fin du suspens dans une dizaine de jours une fois que la commission nationale d’investiture aura rendu sa décision.
En cas de victoire, pas de cumul pour Louis Aliot
S’il gagne la région, le N°5 est élu, s’il a perd même avec un score important, la liste ne comptera que 4 élus sur les 13 (en plus des 2 suppléants), évitant à Louis Aliot de perdre son mandat de Conseiller Municipal et Communautaire de Perpignan auquel il est très attaché, le laissant dans les starting-blocks pour la prochaine élection Municipale parfaitement gagnable pour lui… Mais en cas de victoire, opposé au cumul, Président de Région il abandonnerait ces deux mandats ainsi que celui de Député européen.
Un signe d’ouverture
Ami de longue date du Vice-président, l’arrivée de J.François Fons est un incontestable signe d’ouverture, avec une OPA sur l’UMP et un gage de sincérité lorsque le mouvement Le Peniste affirme avoir évolué. D’extrême-droite il ne semble pas rester grand chose, au pire faut-il à présent parler de droite radicale ou « Droite forte » si le label n’était pas déjà pris par l’UMP, avec quelques orientations revendiquées par la gauche qui n’en détient pas l’exclusivité. Pourquoi d’ailleurs s’obstiner à mettre les partis dans des cases, alors que « Les Républicains » ont comme tête de liste Régionales un homme qui s’affiche avec des positions idéologiques en tous points identiques à celles du PS, confortant Marine Le Pen et Florian Philippot dans l’utilisation de l’acronyme d’RPèS ! A en donner le tournis à la tête de liste Bernard Dupont qui ne doit plus comprendre grand chose, même si l’homme excelle plus dans l’art de gérer sa ville que dans la politique ! Peu importe puisque son directeur de campagne affirme ici ou là que c’est perdu pour eux, avec un curieux sens de la communication dont il a le secret… Effectivement, s’il ne parvient pas à inverser la tendance, le Maire-subalterne de Canet ne peut guère espérer plus de 2 sièges, les vents étant plus favorables au FN en Languedoc-Roussillon et au PS en Midi-Pyrénées.
Le Maire-subalterne de Canet devrait quitter ses fonctions dès son arrivée à la Région
Un Bernard Dupont qui devrait d’ailleurs quitter ses fonctions de maire-subalterne (à J.Marc Pujol Président de PMCU) dès la fin de l’année, pour redevenir simple Conseiller Municipal et Communautaire. En effet, même si l’UMP dite « Les Républicains » se prend le nouveau gadin annoncé, il ne fait aucun doute que sa tête de liste sera élue. Certes, rien n’interdit le cumul des mandats de Maire-subalterne et de Conseiller régional, mais Bernard Dupont s’y est formellement engagé pendant les deux dernières campagnes Municipales : « Je serai au service des canétois à plein temps », et de marteler la promesse à l’envie au point d’en avoir fait un fil rouge de campagnes au cours desquelles la promesse a été réitérée à plusieurs reprises. Chacun le sait, le « Capitaine » Dupont est un homme d’honneur, transformé en grade honorifique de « colonel » sous le lobbying appuyé de son entourage, d’ailleurs fraîchement accueilli par ses pairs en rien justifié par des faits d’armes récents. « Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis » se plaît-il à répéter à chaque occasion ! Il ne fait aucun doute que le maire-subalterne se fera un devoir de respecter sa parole…? (Lire également NAISSANCE DE L’AIRE DE GRILLADE…ET FIN DE L’ERE DUPONT ?). Mais il paraît qu’en disant cela on « ne comprend rien à la politique », lui seul sait… Si justement tout le monde comprend les objectifs des politicards avides d’avantages divers et variés, d’honneurs, de décorations injustifiées et de pouvoir ! Voilà précisément où se situe le point de rupture avec les électeurs.
« L’immobilisme de ma famille politique m’a déçu »
J.François Fons qui a passé près de 40 ans dans le monde économique, il est encore à ce jour Directeur Régional d’une grande banque, explique ce choix avec un discours porté sur l’entreprise et donc l’emploi. « L’essentiel est la bonne connaissance du terrain et des PME et apporter les financements pour leur permettre de se développer et de résister ». Pour ce qui de l’engagement politique, « je n’ai jamais été prétendant et j’en suis fier. A perpignan j’étais très heureux de participer, j’ai appris vu et beaucoup de choses, avec le recul cette famille politique (l’UMP – NDR) qui était la mienne ne l’est plus. Elle m’a déçu sur l’immobilisme et je dirais la facilité et le copinage, et ça m’insupporte. Au fil des années j’ai appris à connaître Louis, et là je me dis que je suis en phase avec lui. J’aime sa manière de faire, j’aime son calme, j’aime sa détermination, il a une culture générale qui n’est pas la mienne et qui me surprend. Je n’ai jamais eu trop peur de m’engager, aujourd’hui ce n’est pas une preuve de courage, ce n’est pas la guère, quoi que… Il faut essayer de construire ensemble quelque chose de nouveau pour préserver nos progénitures et aujourd’hui c’est le moment rêvé pour faire que ce monde change. Je me sens vrai aujourd’hui et pas en train de jouer un jeu, par le passé j’étais Adjoint au Maire, je ne servais à rien, on me portait des piles de parapheurs, je disais souvent à J.Marc Pujol « mais qu’est-ce que je signe ? ». Ne t’occupes pas tu signes… Aujourd’hui j’ai passé l’âge ! ». L’homme parle de lui, évoque ses activités de banquier, peu le connaissent et c’est normal, mais le candidat devra à présent livrer sa vision du combat à mener pour sortir la Région de l’ornière dans laquelle on semble se satisfaire de la laisser, son rayonnement, son développement économique, son taux de chômage record, le 2ème de France, voilà qui ce qui devrait être le thème des débats de fond à venir.
« Mon adversaire c’est la gauche, la droite je ne m’en occupe pas, elle est de gauche »
Tel est l’objectif politique de Louis Aliot qui présentait le candidat samedi dernier à la presse, avec à ses côtés France Jamet qui est la Présidente de groupe au Conseil Régional. « La gauche ne partage pratiquement rien sauf sur les migrants, là ils sont d’accord mais ça ne fait pas une politique. La division de la gauche va peser lourd, les électeurs ne sont pas des débiles, rassemblons-nous mais pour quoi faire ? Ils dirigent les régions depuis 12 ans en Midi-Pyrénées et 10 ans en Languedoc-Roussillon. On va parler du bilan, le chômage, les jeunes s’en vont pour trouver du travail, des entreprises ferment, chez les électeurs il va y avoir une notion d’utilité. Mon adversaire c’est la gauche, la droite je ne m’en occupe pas, elle est de gauche et n’a plus ni valeurs ni idées. Madame Delga et Monsieur Reynié, que l’on mette l’un ou l’autre à la tête de la Région, il y aura la même politique ! Le ralliement de J.François Fons « est important pour nous » déclare Louis Aliot, « il rejoint les élus de Toulouse de l’UMP et de l’UDI, ceux de Monsieur Dupont-Aignan dans l’Hérault avec un Maire UMP dans le Gard, des syndicalistes agricoles dans le Gers, un ancien Maire UMP de St Giron dans l’Ariège. Aujourd’hui le Front National a ouvert ses listes » c’est d’ailleurs probablement la seule planche de salut pour accéder à la première marche du podium.
Entre le PS il n’y a plus de frontières
Le bilan des socialistes est qualifié de « cataclysmique » dans les deux régions, tant par « les chiffres du chômage, une situation d’explosion communautaire » avec à leurs côtés « des alliés politiques qui n’en sont plus, divisés sur l’essentiel » en particulier sur l’État-Nation. Quant au candidat UMP, « il aurait pu être candidat du Parti Socialiste » affirme la tête de liste. « Monsieur Reynié défend tout ce que l’UMP n’a pas défendu : l’entrée de la Turquie dans l’Europe, le mariage pour tous, la GPA, l’accueil de centaines de millions d’immigrés supplémentaires dans l’Europe pour pallier à la dénatalité de notre continent… Entre le PS il n’y a plus aucune frontière, les uns peuvent très bien soutenir les autres » ajoute-t-il. Avec un petit rappel dans les P.-O., l’appel de l’UMP à voter pour le Maire Communiste Jean Vila contre le candidat frontiste et ancien UMP Alexandre Bolo.
« Ce serait une aventure pour toute Nation européenne si la Catalogne obtenait l’indépendance ! »
Pour ce qui est du référendum catalan devant statuer sur une revendication d’autonomie, Louis Aliot est très clair. « On ne peut pas avoir de double langage. Moi je ne me mêle pas de ce qui est en train de se passer en Catalogne, c’est une affaire intra-nationale, c’est l’affaire des Espagnols ». Avec un tacle pour Nicolas Sarkozy qui est allé apporter son soutien au Parti Popular qualifié « d’ingérence d’un parti politique français dans les affaires d’un pays étranger. En Espagne ils sont allés très loin dans l’autonomie, la seule chose où Madrid aurait pu être plus souple, c’est en matière de fiscalité. C’est leur tradition, la France est un État unitaire, l’Espagne s’est construite sur plusieurs régions et je suis pour que l’on respecte ça. Mais je pense que ce serait une aventure pour toute Nation européenne si la Catalogne obtenait l’indépendance totale, car ça ouvrirait le chantier des autres particularismes locaux, ce serait le détricotage de tout ce qui a fait l’Europe et ça ouvrirait des conflits qui n’ont pas lieu d’être. Je ne suis pas comme les indépendantistes de Catalogne Nord tel Monsieur Jaume Roure, je n’ai pas de ressentiment à l’égard de mon pays, nous défendons l’identité, les racines, mais nous ne sommes pas favorables dans cette partie des Pyrénées à l’indépendance. En Espagne il y a une constitution et je ne vais pas m’immiscer dans les affaires espagnoles parce que je ne souhaite pas que les Espagnols viennent s’immiscer dans les miennes ». Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées plaisante Louis Aliot.
Les « oubliés » à l’honneur pendant cette campagne
La ruralité en premier lieu, « les campagnes de France qui sont en train de mourir », les quartiers des villes de France « abandonnés aux mains d’extrémistes religieux ».
Et puis les Harkis, « les oubliés de l’histoire, totalement intégrés de la Nation française, qui ont été parqués, méprisés et abandonnés. 80% des enfants de Harkis sont au chômage, personne ne s’en occupe alors qu’ils ont été fidèles à la France. Ils sont oubliés au moment où nous recevons par milliers des migrants, dont il faut certes humanitairement se préoccuper, mais il va falloir aussi se préoccuper des causes qui poussent ces gens là à venir sur notre continent. Occupons-nous d’abord des nôtres, pour les intégrer, les assimiler et leur donner toute la place qu’ils méritent. Occupons-nous des autres ensuite, dans la mesure des moyens que nous avons ». Migrants à ne pas confondre, selon Louis Aliot, avec « les Pieds-noirs qui étaient des Français abandonnés par le pouvoir en place ou les émigrés espagnols qui étaient sur notre continent ».
Cette mise en concurrence à l’intérieur de l’Europe est une honte
Sur les projets concernant la Région transfrontalière, comment relancer l’économie, les routes, les infrastructures, la défense des emplois, celle du bâtiment, Louis Aliot s’explique : « l’Union Européenne est en train de se suicider et en se suicidant elle pousse les gens à s’affronter. C’est comme ça que vous avez des entrepreneurs qui regardent d’un très mauvais œil les Espagnols qui viennent travailler ici. Aujourd’hui les affrontements ont lieu, les agriculteurs sont poussés à brûler des camions d’agriculteurs espagnols qui n’y sont pour rien. Cette mise en concurrence à l’intérieur de l’Europe est une honte, contraire aux principes européens définis lors du traité de Rome. L’Europe n’a pas été faite pour mettre en concurrence les pays d’Europe mais pour donner une force européenne pour aller à la conquête du monde, pas pour se faire la guerre avec l’Allemagne ou avec l’Espagne ! Ces régionales vont être aussi l’occasion de rétablir un certain nombre de choses » estime Louis Aliot qui entend visiblement les transformer en partie en débat d’enjeux nationaux.
Préférences régionales et production locales
Les circuits courts et les élevages locaux doivent selon lui être la règle « et là les collectivités doivent jouer un rôle majeur ». Préférences régionales et production locales, avec comme avantage de donner un revenu dans la région et d’insister sur l’aspect écologique : « Il est bien évident que de faire manger des pêches du Roussillon à l’ensemble de la Région, c’est quand même plus écologique que de les faire venir du fin fond de l’Espagne par camions entiers ».
Relancer le train jaune qu’il est prévu de n’ouvrir que pendant les périodes scolaires en faisant des économies sur les « Millions d’€uros jetés par les fenêtres » et relancer l’emploi des jeunes, une ambition à laquelle devra s’atteler J.François Fons qui dit affirme connaître bien le tissu commercial, industriel et l’économie locale, « quelqu’un qui apporte un plus à cette campagne électorale » conclut Louis Aliot.
Après les constats et l’incantation, reste à entrer dans le dur et à faire des propositions concrètes, qui seront développées tout au long de la campagne affirme-t-on.
A noter qu’à cette conférence de presse, aucun des leaders n’est arrivé avec un casque à pointes et que le Panzer n’était pas stationné devant la porte. Décidément, tout se perd…
Une page se tourne pour l’emblématique Président de l’Agglo.
C’est immédiatement après avoir ouvert et « installé » le premier Conseil Communautaire de la nouvelle mandature qui est de fait le dernier pour lui, que J.Paul Alduy a prononcé quelques mots d’adieux, probablement sur fond de nostalgie pour lui-même et surtout pour tous ses nombreux soutiens et amis qui composent encore cette nouvelle Assemblée.
« Ma mission s’arrête en cet instant puisque c’est votre doyen d’âge, mon ami J.Paul Baille qui va assurer la séance de l’élection de votre Président. Il n’est pas prévu que je prenne la parole, je me limiterai donc à une phrase. Ou plutôt à deux souhaits.
Le premier, c’est que la nouvelle gouvernance sache respecter la diversité géographique, économique, sociale, politique, des communes de Perpignan Méditerranée. Car je suis convaincu que c’est le respect exigeant de cette diversité qui est la condition nécessaire à l’efficacité de la mise en œuvre d’un projet collectif sur notre territoire.
Mon second souhait s’adresse à chacune et à chacun d’entre vous, je vous souhaite de vivre intensément le bonheur de participer au développement durable de notre archipel, porte sur l’Europe, de la péninsule ibérique, à une heure de la ville-monde Barcelone. Cela donnera un sens et une densité à votre vie publique.
Voilà, je vous quitte et je laisse la place à mon ami J.Paul Baille ».
On le voit, un discours pour une fois sobre et sans effet de manche, comme le théâtreux J.Paul Alduy a coutume d’offrir à son public.
On le voit aussi c’est service minimum, pas un mot d’encouragement non plus à celui qui n’est certes encore à ce stade du Conseil que son putatif successeur, J.Marc Pujol mais dont l’élection ne fait guère de doute. Pour la poignée de main, il faudra également attendre très longtemps ! Les effets collatéraux de l’exercice du pouvoir…
Il est vrai que les relations entre les deux hommes se sont une nouvelle fois « quelque peu » dégradées depuis que le Maire de Perpignan a pris la décision de se présenter à la Présidence de l’Agglo. Ou plutôt d’accepter sans traîner les pieds les « demandes pressantes » qui lui ont été faites par ses amis et largement « suggérées » lors d’un Conseil des Maires UMP tenu secret, pour ne pas perdre la face. « Les mots ont un sens » pour le Maire de Perpignan qui joue ainsi subtilement avec la sémantique. « Je ne briguerai pas » n’est effectivement pas « je n’accepterai pas » ! De qui se moque-t-on ?
Reste que J.Paul Alduy, qui n’a pas assisté au cérémonial de l’élection de J.Marc Pujol et dont la place était pourtant réservée au 1er rang, a déclaré à plusieurs reprises que cette nouvelle mandature commençait mal, par un premier reniement… Un sentiment très largement partagé par une partie des élus, les « alduyistes » dépités, pour certains furieux de cette volte-face du nouveau maire de Perpignan, mais aussi par plusieurs non-alignés ou inféodés au parti dominant, l’UMP. « Perpignan et l’Agglo. méritent mieux qu’un Maire et un Président à mi-temps » déclarait l’ancien Président de l’Agglo.
Une page se tourne pour J.Paul Alduy qui va voguer vers un nouveau destin, celui de retraité mais dont, a-t-il prévenu, la parole restera libre.
Une page se tourne également pour l’Agglo. PMCA qui va subir de plus profonds changements qu’on ne l’imagine. Une nouvelle aventure pour ce paquebot dont on souhaite qu’il ne termine pas comme le Concordia…
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« Ce ne sera pas une opposition de connivence mais une opposition pragmatique et réaliste. Je ne suis pas socialiste, je ne suis pas sectaire »
Brève conférence de presse vendredi une heure avant l’installation du Conseil Municipal de Louis ALIOT, tête de liste malheureuse aux dernières Municipales de Perpignan. Enfin, pas aussi malheureuse que cela puisque le leader FN /RBM a bien failli détrôner le Maire UMP sortant J.Marc PUJOL (55,11 % et 43 sièges contre 44,89 % et 12 sièges) qui n’a semble-t-il dû son salut qu’à un vote massif des français d’origine maghrébine avec qui le Maire de Perpignan entretient les meilleures relations du monde, dans une ville qu’il veut pacifiée entre les différentes communautés.
« Je présenterai ma candidature pour la forme au poste de Maire pour défendre l’opposition, puisque nous représenterons seuls l’opposition de Perpignan, que nous en avons conscience » déclare Louis Aliot en préambule. « Ce ne sera pas une opposition de connivence, mais une opposition pragmatique et réaliste qui se déterminera en fonction des intérêts de Perpignan et de ses habitants, et non pas en fonction de considérations purement politiciennes, comme malheureusement j’ai l’impression que nos concurrents sont en train de vouloir régler leur majorité en face » ajoute-t-il.
Et pourquoi pas Dominique SCHEMLA ?
Et de s’en prendre à ce qui restera l’événement majeur de la semaine, à savoir la candidature de J.Marc PUJOL à la Présidence de l’Agglo. PMC en remplacement de J.Paul ALDUY, dont la retraite sera effective le 14 avril, à la grande fureur de ce dernier qui considère que ce premier reniement est le signe d’un mandat qui commence mal. De fait, même si le Maire de Perpignan n’a jamais dit qu’il n’accepterait pas cette présidence si on la lui proposait mais qu’il ne la « briguerait pas », il y a là une subtile nuance sémantique qui avait échappé à la plupart des observateurs politiques, pour ne pas dire à tous et qui passe mal chez les électeurs. Selon le maire et pour se défendre de l’accusation, il n’y a pas là cumul de mandats puisque la Présidence n’est pas selon lui un « mandat ». Même s’il s’agit bel et bien d’un mandat voté par les grands électeurs qui représentent le peuple qui les ont élus, il y a bien là cumul de fonctions, avec le risque de ne pas consacrer tout le temps voulu à la fois à la Ville de Perpignan et à l’Agglo. PMCA. Il y avait pourtant bien d’autres candidats acceptables par l’UMP, qui a finalement décidé seul en conclave, mais sans fumée, enfermé dans un bureau de l’Agglo. dans une forme de déni de la démocratie directe et en excluant l’UDI. Bernard Dupont, Romain Grau ou François Calvet sont des noms qui revenaient le plus sur les lèvres des observateurs ou des maires des communes adhérentes : trop administratif et pas assez politique pour l’un, trop à gauche ou trop politique pour les deux autres, aucun des trois ne faisaient l’unanimité.
Reste un outsider : Dominique Schemla qui n’est rien de tout ça et qui pourrait et saurait sans doute rassembler autour de lui, avec en prime une fibre écologique marquée indispensable pour arbitrer les grandes orientations du territoire.
Le FN au secours de J.Paul ALDUY et haro sur Alain FERRAND
Pour Louis Aliot, « Je pense, comme J.Paul Alduy, que c’est une mandature qui commence très mal, puisqu’ayant fait toute sa campagne sur le non cumul, la fonction unique de maire, toute l’attention qu’un maire devait donner à sa commune, qu’il laisserait l’Agglo. à d’autres, ça a été son premier reniement de campagne et ce ne sera pas le dernier. Je ne parlerai pas de la charte ANTICOR parce que nous n’en sommes pas là, on verra bien si Monsieur Alain Ferrand sera Vice-Président de l’Agglomération, c’est un peu prématuré, d’ici le 14 avril il peut se passer beaucoup de choses. J’ajoute que dans cette charte ANTICOR, je crois qu’il y a aussi de donner la Présidence de la commission des finances à l’opposition… Je doute, même si je le souhaite, que le Maire de Perpignan donne cette présidence à notre ami le Professeur Bruno LEMAIRE… Très honnêtement, on se tient loin de ces débats qui sont entre l’UMP et l’UDI, manifestement ici on a un gouvernement totalement UMP qui est en train d’assécher le petit ruisseau UDI pour tenter de s’en approprier les bénéfices.
Nous avons 17000 voix sur Perpignan, le maire 21000 mais il y a eu 3800 blancs et nuls ce qui veut dire que la ville est coupée en deux, presqu’à l’équilibre, ce qui montre la fragilité du système politique à Perpignan, donc il faut être raisonnables et prudents, c’est en tout cas le message que j’ai adressé à mes colistiers, nous serons sans concession mais l’opposition ne sera pas fanatique. Je ne suis pas socialiste, je ne suis pas sectaire à priori et je veux voir dans les dossiers ce qu’il y a, ce qui est bon pour Perpignan, c’est la ligne générale que nous nous sommes fixée.
Pour l’Agglo., je suis inquiet. Parce quoi qu’on puisse reprocher à J.Paul Alduy, il était allé pêcher des maires en fonction d’un équilibre entre les communes, s’il y avait 41 vice-présidences, c’était aussi pour maintenir l’équilibre entre différentes sensibilités. Là, avec l’élection au suffrage universel direct, ça repolitise complètement l’Agglomération et c’est un mini Conseil Régional et ça va se faire par affinités politiques ».
Une alliance avec la droite ? « Je suis prêt à une alliance technique. S’il s’agit de faire venir des entreprises ou de faire des routes, les routes elles ne sont pas de droite ou de gauche, ce sont des routes et on peut trouver des terrains d’entente. Nous, on y est prêts, mais je n’ai pas l’impression que le Maire de Perpignan soit farouchement favorable à ça. Il est un peu prisonnier de son entourage technique qui prend un peu trop d’importance part rapport à l’expression politique des citoyens de Perpignan. Rappelons que ce sont les élus qui ont la responsabilité du suffrage et pas les équipes techniques autour d’un Maire !
LE FN REMET L’ECHARPE DE MAIRE A J.MARC PUJOL
Election du Maire de Perpignan et de ses Adjoints

C’est Anne-Marie RAPPELIN, élue FN / RBM qui préside à l’ouverture de ce 1er Conseil Municipal, celui de l’installation. Comme un clin d’oeil…
L’aboutissement d’une longue histoire d’amitié ? Un ralliement soudain de l’une vers l’autre ? L’impossible réconciliation, comme ça en public ? Que nenni… tout juste la stricte application du code des collectivités territoriales qui prévoit que ce soit la doyenne ou le doyen du Conseil élu qui soit en charge de procéder à l’élection du Maire et lui remette son écharpe, responsabilité confiée samedi dernier à Anne-Marie RAPPELIN, 9ème de liste FN / RBM et qui faisait sa 1ère entrée à la Loge. Pas de bises ni d’effusion de joie de la part de l’une ou de l’autre, faut pas pousser, et c’est bien J.Marc PUJOL qui se passera l’écharpe lui-même. Certainement pas facile à vivre pour l’une comme pour l’autre mais ils devront cohabiter pendant six ans… Au mieux ?
Un Conseil ouvert par deux brèves déclarations des têtes de listes :

Le leader RBM Louis Aliot prend la parole en premier, parole qui lui a été donnée par la Présidente de séance.
Louis Aliot qui présentait sa candidature, qualifiée de témoignage : « Fidèle à nos engagements et aux électeurs qui se sont portés sur notre liste, en espérant que Perpignan continuera à sauvegarder un certain nombre de valeurs traditionnelles, fondatrices de notre civilisation et à défendre un idéal républicain fait d’unité et de laïcité. Je souhaite bonne chance à la mairie de Perpignan et aux perpignanais bon courage en leur disant que nous mènerons un combat de défense des intérêts des perpignanais au plus près de leurs préoccupations dans le respect de tous et le respect du suffrage universel, c’est en tout cas la ligne que je me suis fixée et c’est la ligne que respecteront à la lettre mes colistiers au sein de cette assemblée ». Sobre et court avec, on le voit, la ferme intention de renforcer l’image démocratique d’un FN pastellisé de RBM, longtemps diabolisé.

Sans surprise et grâce à ce Front dit « républicain », J.Marc PUJOL est élu avec 43 voix contre 12 pour Louis Aliot. Contrairement à Canet, il ne manque pas une voix au candidat RBM…
Quant à J.Marc Pujol, « Je serai le maire de tous les perpignanais. Merci à mon équipe, c’est grâce à leur implication, leur abnégation, leur travail, les milliers de portes ouvertes, les refus, les agressivités que nous sommes là. Ils ont fait preuve de dignité, de courage et ils seront un exemple pour leur ville. Merci aux perpignanais qui nous ont conduit sur le chemin de la victoire, en nous faisant part de leurs difficultés, de leurs craintes, de leurs espoirs. Ils ont tracé le chemin de l’avenir qui passe par une ville pour tous. Une ville où il faut se parler, se comprendre plutôt que de se replier sur soi. Nous avons la chance de vivre dans un beau pays la France, dans une belle ville, Perpignan, sachant les aimer comme nos prédécesseurs l’ont fait avant nous, et pour beaucoup faisant sacrifice de leurs jeunes vies. Le temps du débat municipal est clos, les perpignanais ont tranché. Il faut trouver en nous les ressources pour combattre le déclin et nous réunir, pour inscrire Perpignan dans la modernité d’une ville fière et conquérante ».

Ma plus belle histoire d’amour c’est vous ? Anne-Marie RAPPELIN tente de passer l’écharpe de Maire à J.Marc PUJOL. Que nenni, il le fera lui-même et ne serre la main de son adversaire que du bout des doigts…
LES ADJOINTS ELUS :
Romain GRAU, Chantal BRUZI, Pierre PARRAT, Nathalie BEAUFILS, Olivier AMIEL, Fatima DAHINE, Michel PINELL, Danièle PAGES, Richard PULY-BELLI, Isabelle DE NOELL-MARCHESAN, Mohamed IAOUADAN, Chantal GOMBERT, Alain GEBHART, Suzy SIMON–NICAISE, Pierre-Olivier BARBE, Joëlle ANGLADE, Stéphane RUEL, Caroline FERRIERE-SIRERE, Brice LAFONTAINE, Christine GAVALDA-MOULENAT, tous élus Conseillers Communautaires à l’Agglo. PMCA.
LES ADJOINTS DE QUARTIERS :
NORD : Richard PULY-BELLI – SUD : Isabelle DE NOELL-MARCHESAN – OUEST : Chantal GOMBERT – EST : Joëlle ANGLADE – CENTRE : Caroline FERRIERE-SIRERE

Le Maire de Canet et son 1er Adjoint, Bernard DUPONT et Francis CLIQUE, ont tenu à assister à l’élection de celui qu’ils appellent leur ami.
LES CONSEILERS D’OPPOSITION (FN / RBM) :
Louis ALIOT, Clotilde FONT-GAVALDA, Bruno LEMAIRE, Marie-Thérèse COSTA-FESENBECK, Xavier BAUDRY, Catherine PUJOL, Mohamed BELLEBOU, Claudine MIZERA-FUENTES, Jean-Claude PINGET, Anne-Marie RAPPELIN, Alexandre BOLO, Bénédicte MARCHAND, les huit premiers étant également élus Conseillers Communautaires à l’Agglo. PMCA.

Jaume ROURE qui ne se représentait pas passe la main à Brice LAFONTAINE pour représenter Unitat Catalana.
A noter l’absence très remarquée de J.Paul ALDUY à cette séance d’installation du nouveau Conseil Municipal et dont la place avait pourtant été réservée au premier rang du public. En cause la candidature de J.Marc PUJOL à la présidence de l’Agglo., un premier reniement du Maire pour J.Paul Alduy qui considère que, tant la ville de Perpignan que la communauté d’agglomération, valent mieux qu’un mi-temps passé de chaque côté.
J.Paul Alduy oublie toutefois un peu vite qu’il fut lui-même pendant de nombreuses années le Maire de Perpignan, le Président de l’Agglo., mais aussi… Sénateur à près de 1000 km… Comprenne qui pourra !
Je dois à la vérité de dire…
Confidences du Président de l’Agglo.
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Une page se tourne pour l’emblématique Président de l’Agglo.
« Je dois à la vérité de dire… », une expression qui revient souvent dans le dernier ouvrage de Jean-Paul ALDUY, le futur ex-emblématique Président de l’Agglo. PMCA qui lui doit beaucoup. Une Communauté d’Agglomération très peu connue du grand public qui va bientôt se transformer en Communauté Urbaine et que JPA a créée de toutes pièces, avec la complicité de la non moins emblématique Arlette Franco alors Maire de Canet, fédérant à présent à elle seule 36 communes, avec pour mission d’en mutualiser les moyens techniques et financiers. Et de parler d’une seule voix autant que faire se peut.
A terme, ces Communautés de communes seront hélas à l’image de l’Europe, avec ses atouts mais aussi ses faiblesses, l’une d’elles étant de faire passer la « proximité » de vie à trépas en éloignant le citoyen du centre de décisions et de les dégoûter un peu plus de la politique, si c’est encore possible… Et de réduire un peu plus encore le pouvoir des Communes. Un bien ou un mal, à chacun son avis. Un récif annoncé à éviter d’urgence !
La vérité, c’est en tout cas celle du Président Alduy qui souhaite laisser en héritage à ses successeurs une feuille de route avant de transmettre le flambeau, et qui prend un peu dans cet ouvrage la forme d’un testament politique. Transmettre, un autre objectif que JPA martèle à l’envie. « Aujourd’hui je ne suis plus le skipper et le temps est venu d’analyser ma route, ses erreurs et ses réussites, et transmettre« écrit-il dès les toutes premières pages.
J.Paul Alduy, personnage contrasté et tout autant contesté. On aime ou on n’aime pas, mais il est certain qu’il ne laisse personne indifférent. Quand on aime, on adore. Quand on n’aime pas, on déteste franchement, pour une fois pas de juste milieu le centre est banni !
« J’ai eu besoin d’écrire au moment où ma vie publique, et ma vie tout court, abordent un dernier virage ».
Dans cet ouvrage, JPA très souvent touchant et toujours avec grande intelligence, se raconte un peu et revient sur ce parcours atypique qui fut le sien dès son adolescence. Un livre qui ne se veut pas une œuvre littéraire, surtout pas, mais plutôt une longue lettre écrite à un ami sans plan préalable, « une écriture jetée d’un trait » confesse-t-il lui-même, avec plusieurs redites et parfois quelques imperfections de ponctuation, mais qui éclaire le lecteur sur le parcours parfois jugé étrange et sur les sentiments de l’homme qui se livre sans filtre. Pour qui le connaît, on croit entendre cette voix haute en couleurs raconter ce parcours, gesticulant souvent tel le théâtreux qu’il est au fond de lui-même, à l’image de Zébulon qui est d’ailleurs l’un de ses surnoms affectueux.
« Je suis dans ma huitième décennie et l’angoisse du néant s’approche à grand pas ; je sais que ces mots écrits sont des souvenirs durables et constituent pour mes proches un héritage affectueux. J’ai beaucoup reproché à mon père de m’avoir laissé très peu d’écrits de sa main que je puisse relire et installer près de moi ». C’est triste d’être lucide.
N’attendons pas pour autant de révélations fracassantes ou de règlements de comptes, mais seulement « de décrire les chemins de ma liberté, non pas les chemins de ma vie affective ou sentimentale, je n’ai aucun goût pour ce genre de strip-tease, mais ceux de ma vie publique où s’est progressivement construit l’homme politique que je suis devenu ». Le ton est donné.
« A cette jeunesse je veux parler et lui dire qu’au soir de ma vie, ma conviction centrale est que l’engagement politique est plus que jamais nécessaire (…) Engagez-vous dans le débat et l’action ».
« Enfant sérieux, adolescent passionné, la vingtaine exigeante, la trentaine agressive, la quarantaine aventureuse, la cinquantaine inventive et la soixantaine constructive » se définit-il lui-même. « J’ai vécu intensément ma vie affective, professionnelle et politique ».
Issu d’une famille d’élus qui vit dans le Vallespir (Paul est Député-Maire SFIO et Jacqueline Conseillère Général à Prats-de-Mollo), le jeune Jean-Paul, qui n’a pas de télévision et doit se contenter d’une TSF crachotante, prépare polytechnique après le lycée Arago. C’est la tragédie de la guerre d’Algérie qui le fera s’intéresser aux thèses marxiste et trotskiste et déclenchera en lui une conscience politique. Puis ce seront les Beaux-arts, une vocation d’urbaniste née de l’admiration de ce père, le bâtisseur de la ville nouvelle du « Moulin à Vent » destinée à l’accueil des rapatriés d’Algérie. Même s’il n’approuvait pas ses convictions politiques jugées trop fluctuantes, il admirait tout de même l’intelligence politique, administrative, financière et technique de celui qui restera à jamais dans la mémoire collective des perpignanais.
Mai ’68, année charnière : l’engagement à l’extrême gauche et la rupture avec le père
C’est en mai 68, « un moment de vie intense pour moi où les idées se bousculent, les préjugés s’effondrent et la Démocratie directe expérimentée, (…) les chemins de ma liberté de pensée », que l’ingénieur des Ponts et Chaussées devient militant trotskiste syndicaliste CGT et effectue ses premières prises de parole politique en tant que délégué du comité de grève, ce qui lui vaudra une mise au placard par Albin Chalandon nommé par de Gaulle une fois les « évènements » terminés. Et aussi sa première chance, celle d’être nommé à la DDE de Nice pour animer la concertation du Schéma directeur d’aménagement de la bande côtière.
Mais l’autre conséquence de cet engagement à l’extrême gauche sera la rupture avec son père, adepte de l’ordre ancien, qui ne voyait en Jean-Paul que le « fils perdu à l’intelligence dévoyée, aveuglé par la lecture marxiste de l’histoire ». La rupture durera vingt ans.
A Nice, devenu indésirable, « l’empêcheur d’urbaniser en rond », se voit proposé un poste de direction en région parisienne qu’il accepte avec enthousiasme. C’est là aussi qu’il découvre l’OCI (Organisation Communiste Internationaliste) qu’il intègre très vite. « L’OCI est une secte me martelaient mes amis et ma femme ! Avec le recul, je dois à la vérité de dire qu’ils n’avaient pas tort ». Pour autant, cette « formation » sera très utile au Maire de Perpignan dans l’organisation du Plan d’Occupation des Sols. Comme quoi, il y a un pont entre l’extrême gauche et le Centre…
Paris, année sabbatique, la côte d’Ivoire, le privé, le chômage et St Quentin-en-Yvelines
Après Paris et une année sabbatique, JPA part en Côte d’Ivoire et s’éloigne définitivement de l’OCI, trois ans pendant lesquels il devient le bâtisseur qu’il ne cessera plus d’être. « Il fallait construire des ponts, beaucoup de ponts. (…) Une aventure humainement passionnante. (…) Je garde un très beau souvenir de ces années très techniques et sans activités politiques ».
Retour en France au Ministère de l’équipement, démission, intégration dans un groupe industriel, échec et chômage pendant huit mois, « épreuve douloureuse qui m’a beaucoup apporté ». C’est Pierre Méhaignerie qui le sort de cette insidieuse destruction de la personnalité et l’intègre à son Cabinet, période qui durera un an, qui réorientera ses choix politiques et surtout débouchera sur sa nomination de Directeur d’Etablissement Public d’Aménagement de la Ville de St Quentin en Yvelines. Une expérience qui lui sera très utile beaucoup plus tard dans l’organisation de PMCA, notamment la création du Conseil des Maires unique en France et qui se tient chaque vendredi à l’Hôtel d’Agglo.
Définitivement éloigné de l’OCI, c’est là qu’il adhère au CDS.
Après trente ans d’éloignement, c’est le retour au pays
Une vie politique qui a concrètement commencé en mars 1992 avec l’élection de Conseiller Général du Haut-Vernet, après une campagne éclair et une affiche faite à la va-vite, avec une photo un peu floue prise à St Quentin-en-Yvelines où il dirigeait l’EPA. Une élection finalement gagnée à l’arrachée en triangulaire contre un candidat FN et un autre UDF. « Je commençais à aimer les gens ».
Réconcilié avec son père qui annonce sa venue à une Paëlla géante au Mas Besson, JPA improvise quelques mots, un peu tétanisé, une phrase monte du plus profond, à rythme lent et à voix forte « Sentez-vous comme moi, ici en cet instant, capté dans vos regards, comme un parfum d’amitié ? » La formule restera. A cinquante ans « Une autre idée de la politique » c’était « les aimer tous et toutes et vouloir donner le meilleur de soi-même ».
Juin 1993, la conquête de Perpignan
Rappelons qu’un « coup d’état » mené par une coalition au sein même de l’équipe majoritaire alliée pour la circonstance à l’opposition de gauche et d’extrême droite, a refusé de voter le budget présenté par Paul Alduy (11 voix sur 55) aboutissant à la dissolution du Conseil Municipal en Conseil d’Etat et à des élections anticipées.
Surpris en pleine activité à St Quentin-en-Yvelines où il est toujours en poste, JPA se lance dans la campagne Municipale avec un calendrier très court, quatre semaines seulement, et sans le soutien du moindre parti politique. Après l’échec aux Législatives tenues quelques semaines auparavant où JPA n’avait pas dépassé 15%, le pronostic unanime pour la conquête de la ville prédisait une défaite plus ou moins lourde.
Il récupère le logo « Oxygène » de J.Louis Borloo, va de réunion en réunion (5 à 6 par jour) avec une équipe jeune et féminisée, de jeunes ados en tee-shirts « Perpignan Oxygène » parcourent la ville et le score sera sans appel. « La Tramontane a soufflé, le vent nouveau a soufflé ! Ce seront mes seuls mots à jamais gravés dans ma mémoire ».
Un vote est né
« Un vote nouveau est né : on avait auparavant des votes pour des partis de gouvernement de gauche ou de droite, et lorsqu’on voulait exprimer un ras le bol, il y avait un vote refuge, à Perpignan le vote Front National. On a réussi à rendre attractive une autre possibilité, le vote de femmes et d’hommes compétents, ne devant ni leur passé ni leur avenir à la politique, unie par l’exigence d’une véritable Démocratie locale et des valeurs de service public ».
C’était une déclaration de JPA il y a vingt ans sur Europe 1.
« Ce message est toujours d’actualité. Il est possible de réduire le vote du Front National en restant clair sur les valeurs, le respect des différences, l’autorité, la valeur du travail, la fraternité. Sans sectarisme. (…) Un FN enraciné dans une culture raciste et xénophobe caché derrière un masque respectable mais qui orientera toujours le moment venu, celui de l’accès au pouvoir, les choix sociaux, économiques et culturels.
Tuer le père : une nécessité
Une ville en crise, une machine grippée et une énergie humaine épuisée. Avec des marges financières réduites à zéro. A cela, le nouveau Maire découvre « un livre de promotion de la ville réalisé à partir de procédures douteuses ». Et puis cette SIVP en grande difficulté, cette société créée pour la réalisation de l’espace Méditerranée qui est un échec. Un office HLM en déroute, des déficits colossaux et une Police Municipale non formée qui a tué un jeune fuyard quelques semaines auparavant. Chaque jour, le Maire doit défaire par pans entiers ce que le Père a construit. Ce sera le dépôt de bilan de la SIVP et surtout, sur les conseils du 1er Adjoint, JPA dépose une plainte contre Paul Alduy, son père, pour emplois fictifs au CCAS. Ce dernier sera condamné à de la prison avec sursis, de lourdes amendes, le remboursement et surtout une privation de ses droits civiques pendant cinq ans. La disgrâce d’un ancien maire et d’un père définitivement brisé. Un drame humain aussi pour le fils.
Un autre combat politique – René Marquès sévèrement épinglé
Autre combat politique, celui contre le Président du Conseil Général René Marquès pourtant lui aussi UDF mais allié au RPR Claude Baratte qui avait tenté de prendre la Mairie en 1993, ce parti qualifié de « Clan auquel on adhérait en espérant un emploi à la mairie ou autre privilège ».
L’ancien Maire de St Laurent et surtout ancien Président du Conseil Général ne sera d’ailleurs pas épargné dans cet ouvrage. C’est dans la POSTFACE que JPA évoque de nouveau René Marquès, l’accusant d’avoir humilié sa mère Jacqueline : « Alors Président du Conseil Général, Monsieur René Marquès, UDF comme elle, l’éliminera d’une Vice-Présidence du Conseil Général au profit d’un chevènementiste qui transitera par le Parti Radical de Gauche avant de rejoindre le PS. René Marquès ira même, de manière particulièrement peu élégante, jusqu’à lui supprimer bureau et secrétariat et la relèguera au fond de la salle des délibérations de l’Assemblée Départementale. Son ouverture à gauche ne lui portera pas bonheur puisqu’il perdit, au renouvellement suivant, sa majorité précisément par le vote contre lui de celui qu’il avait préféré à ma mère. Cet épisode peu glorieux est une illustration supplémentaire des jeux politiciens, sport favori des leaders politiques locaux d’hier, mais aujourd’hui encore largement pratiqué ».
Plus de vingt ans après, il reste en Salanque de profondes cicatrices toujours pas refermées qui expliquent pour partie les relations de type « je t’aime moi non plus » avec le Député-Maire de St Laurent Fernand Siré, resté quant à lui très proche de René Marquès jusqu’à sa mort. Fernand Siré sera d’ailleurs le seul Maire à ne pas avoir mis la main à la poche pour offrir le cadeau de départ remis à JPA au terme du dernier conseil des maires du 7 mars dernier.
A noter que J.Paul Alduy n’a pas, en toute logique, assisté aux obsèques de René Marquès à St Laurent en 2013.
Des bruits de bottes
En 1995, l’élection est éprouvante avec un très gros score de 36,4% du FN et 11 conseillers.
Accueilli par les cris de haine des militants FN dans le studio de France Bleu, le Maire tout juste réélu déclare « Il y a ici en cet instant des bruits de bottes ».
Six ans pour convaincre et réduire le score de l’antenne locale du parti de J.Marie Le Pen, qualifié « d’organisation de type clanique où on voit le père, la fille, la nièce, les gendres avec un antisémitisme du père mis au second plan par l’islamophobie de la nouvelle génération« .
2008-2009 : la blessure. L’affaire des chaussettes éclate et fera la Une de tous les Médias nationaux
Election de 2008, 10 points de retard au terme du 1er tour. Au 2ème tour bureau N°4, Georges Garcia, le frère d’un des colistiers du candidat Alduy se fait pincer à cacher sept enveloppes dans ses chaussettes, événement qui débouchera quelques jours plus tard sur une accusation de fraude généralisée. Après les invectives (Sénateur-magouilleur, système mafieux etc.) de la gauche au MoDem, et même du Président du Conseil Général d’alors lui-même par la suite multi-condamné, JPA qualifié de « Tibéri du sud » par les médias nationaux, l’élection sera finalement annulée. Nouvelle campagne et nouveau vote, J.Paul Alduy sera très largement réélu. Les électeurs détestent être manipulés ! Le temps a passé mais la blessure ne se refermera jamais et restera pour toujours gravée dans la mémoire de J.Paul Alduy.
Mais JPA et Perpignan, c’est aussi une très longue histoire d’amour.
Il y consacre d’ailleurs seize pages, de ces moments d’extases devant la Réal, le Castillet, St Mathieu ou encore la façade des Carmes décrit dans le détail. Ou encore St Jean le vieux, cet ancien Monastère Saint-Claire qui fut transformé en hôpital puis en prison. « Oui j’aime passionnément Perpignan pour ses mille visages et les mystères de son histoire à reconnaître ». Et d’évoquer « la réhabilitation de ses bâtiments, ses rues, placettes et places, la piétonisation et l’élargissement du quai Vauban, le remplacement des vieux platanes par des sujets plus rectilignes et plus urbains, malgré des milliers de signatures pour ‘y opposer, qui fut pour moi une aventure affective aux émotions sans cesse renouvelées » (…) « Oui j’ai aimé cette ville passionnément, ses façades et ses patios, ses cloîtres, ses voûtes, ses clochers, ses jardins, ses allées, ses rivières. J’ai voulu l’embellir pour lui donner l’attractivité nécessaire pour retrouver son rôle de porte sur l’Europe de la Catalogne et de la péninsule ibérique ».Quand je vois aujourd’hui ce candidat FN qui n’a jamais habité Perpignan, qui n’a jamais vécu au cœur de la cité, jamais aimé cette ville, ses beautés et des souffrances, nous donner des leçons d’un ton docte et exploiter les peurs, j’ai la nausée ! Cet héritier de la France pétainiste la joue cool, mais quand il parle de communautarisme, chacun sait qu’il veut réveiller le rejet du musulman, immigré ou français ».
Rien ou presque sur PMCA, cette communauté d’Agglo. qui est un peu son bébé, avec ce « Conseil des Maires à égalité de droits et de devoirs, et par conséquent tous Vices Présidents en charge de délégations qui les ouvrent à une vision globale du territoire ». Si ce n’est pour regretter « les lois nouvelles très contraignantes qui limitent à quinze le nombre des Vices Présidents, ce qui va briser l’égalité de pouvoir dont dispose actuellement chaque Maire, quelle que soit la taille de sa commune. Cet héritage est précieux et il faut espérer que les futurs élus communautaires sauront le protéger ».
Oui le futur est en marche !
« Aujourd’hui Perpignan a échappé à la spirale du déclin qui l’entraînait à la fin des années quatre-vingts. Certes la dynamique démographique est plus forte que la dynamique économique, ce qui explique en grande partie le niveau du chômage, mais déjà des filières d’excellence émergent dans les énergies renouvelables, dans l’économie numérique, la logistique ou encore l’agriculture. L’emploi industriel a augmenté, un millier environ, mais dans le même temps la France perdait 800.000 emplois industriels ! ».
Avec l’éloge de cette nouvelle dynamique autour du concept de territoire « naturellement compétitif » et le choix assumé du Palais des Congrès, du Théâtre de l’Archipel, de l’hôtel d’Agglo., de la nouvelle gare TGV ou encore des parc d’entreprises Tecnosud ou Naturopole.
La montée du FN : la rechute ?
Pas moins de 18 pages sont consacrées à ce phénomène qui n’est pas une spécialité locale. JPA affirme n’avoir jamais renoncé à l’émergence d’une force politique claire sur ses valeurs, attractive par sa Démocratie et avoir plusieurs fois œuvré dans ce sens tant au sein de « Force Démocrate », de « l’UMP » ou actuellement à « l’UDI ». Mais le FN, qualifié de « Danger mortel pour la société française » et le « parachutage d’un cadre du clan » (Louis Aliot), ça ne passe décidément pas pour cet ancien de l’OCI ! Une analyse complète sur la montée en puissance de cet extrême-droite qui fait souvent peur et qui ne serait rien de moins selon J.Paul Alduy « qu’un désastre économique, social et culturel ».
Rien en revanche dans cet ouvrage sur la vie de parlementaire de JPA. Rien non plus sur son « élimination par l’UMP-PS (L’UMPS de Marine Le Pen) des élections sénatoriales de 2011 comme illustration des mœurs politiques locales. J’ai voulu autant que faire se peut éviter les controverses inutiles et ceux qui espéraient des polémiques de la même eau que celles qui s’étalent et s’animent sur les divers blogs seront déçus ». Tant pis, mais JPA l’a rappelé, sa parole est désormais libre et il ne s’interdit rien !
Zébulon s’en va. Certains s’en réjouissent, d’autres probablement plus nombreux le pleurent déjà et c’est pour eux un vrai moment de tristesse. D’autres encore, qui se reconnaîtront, l’ont chaleureusement applaudi à son entrée dans la salle où était servi un buffet à la fin de l’ultime Conseil Communautaire du 27 février affichent leur appartenance à la seconde catégorie, tandis qu’ils font en fait partie de la première. Le bal des faux-culs…
Une autre vie s’ouvre pour JPA, celle positive où il va enfin pouvoir s’occuper de Mathis, son quatrième enfant à qui ce livre est, entre autres, dédié. Le voir grandir et s’épanouir comme cela n’a pas été le cas pour les trois premiers. Et suivre son épouse Laurence qui aspire à d’autres fonctions professionnelles et pourrait bien partir un an à Strasbourg. Peut-être le seul moyen pour Jean-Paul Alduy de tourner la page, d’oublier ses « chers faux amis » et de faire le deuil de l’hyper-activité, avec planning vide et un téléphone qui sonne de moins en moins. Comme pour chacun dans ce cas, un cap difficile à franchir pour le marin-Zébulon aguerri. Bon vent Président et longue vie !
« Je dois à la vérité de dire… », promesse tenue.
Un ouvrage préfacé par J.Louis Borloo et dont l’avant-propos est signé Romain Grau qui est un possible successeur de JPA à la présidence de PMCA.
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